Motion du Collège Communal d’Estaimpuis en soutien aux agriculteurs

Introduction

De nombreux rassemblements et actions de protestation d’agricultrices et agriculteurs se sont multipliés ces dernières semaines dans différents pays européens afin de sensibiliser les citoyens sur les difficultés du métier et faire entendre leurs revendications.

En effet, le monde agricole est un secteur en difficulté depuis plusieurs années : les agriculteurs sont soumis à de nombreuses contraintes dont la volatilité des prix, la faible marge de manœuvre pour fixer les prix de vente, la dépendance aux subventions octroyées ou encore les contraintes administratives. Par ailleurs, les revenus des agriculteurs sont inférieurs de 40% à 60% par rapport au revenu moyen du travail des autres secteurs économiques. Leur rémunération n’est ni proportionnelle aux heures qu’ils prestent ni à la pénibilité de leur travail.

Le gros des revendications porte sur la politique agricole commune (PAC), qui entraine notamment une spéculation foncière obligeant les agriculteur.rice.s soit à s’agrandir soit à disparaître, car les paiements aux agriculteur.rice.s dépendent de la surface de leur exploitation agricole : au plus une ferme est grande, au plus les montants qu’elle reçoit sont importants. Les 20% des plus grandes exploitations reçoivent ainsi 80% des subsides au détriment des petites fermes familiales, pourtant plus créatrices d’emploi. Ces aides maintiennent en outre les terres agricoles à des prix élevés. D’un autre côté, les normes environnementales européennes posent également problème aux agriculteurs européens, car la concurrence étrangère ne se voit pas imposé les mêmes normes. Un équilibre est à trouver pour ne pas réduire à néant les efforts de réduction des pesticides, qui aggraverait les impacts sanitaires et climatiques dont les agriculteurs et agricultrices sont déjà les premières victimes.

La situation est donc intolérable. Il est grand temps de s’attaquer enfin aux véritables raisons de l’appauvrissement des agriculteur·rices : les marchés, les subventions, la concurrence déloyale découlant des traités de libre-échange et l’absence de réglementation appropriée qui obligent les agriculteur·rices à faire un choix désespéré entre la production industrielle et la faillite.

En tant que communauté agricole, le soutien aux producteurs locaux est une priorité, tant sur le plan sanitaire qu’économique et administratif.

Motion

Le Collège communal d’Estaimpuis demande :

  1. de soutenir le secteur agricole par toute initiative pertinente et aux Ministres compétents de prendre dûment en compte leur revendications
  2. de saisir l’opportunité de la présidence de la Commission Européenne pour faire remonter les revendications des agricultrices et agriculteurs sur la politique agricole commune
  3. de refuser l’importation de produits étrangers qui ne sont pas soumis à des normes environnementales équivalentes à nos producteurs européens
  4. de réviser le système des aides aux exploitations et de réviser le budget alloué dans le cadre de la PAC
  5. de revoir le modèle agricole productiviste pour rendre l’agriculture nourricière, rémunératrice et durable, en accompagnant à la transition et en garantissant des prix rémunérateurs et un soutien aux prix agricoles
  6. d’alléger les charges administratives et renforcer la simplification administrative
  7. de réguler le régime foncier des exploitations agricoles contre la hausse des prix et les pratiques spéculatives
  8. de prendre les mesures nécessaires au rééquilibre du pouvoir de négociation et de marge de manœuvre des agricultrices et agriculteurs face à l’industrie et la grande distribution
  9. de prévoir des exceptions agricoles afin de lutter à la fois contre le changement climatique et la concurrence déloyale imposée à nos producteurs et productrices européen.ne.s
  10. d’adopter une loi sur la protection des prix agricoles prévoyant que le contrat de vente et les prix sont proposés non plus par l’acheteur, mais par le producteur. Les prix proposés prendront alors en compte les coûts de production. La vente de produits alimentaires à perte doit être interdite, les prix dans la distribution doivent être encadrés,
  11. soutenir les coopératives agricoles et organisations représentant les producteurs
  12. Mettre fin à l' »agriculture de dates » qui impose aux agriculteurs des échéances à respecter pour réaliser les travaux aux champs
  13. Revoir le mécanisme d’indemnisation dans le cadre des calamités agricole face à la multiplication des événements climatiques

Debrauwer Violaine

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