Discours de Monsieur Rudy Demotte à l’occasion des 20 ans de député et 30 ans de bourgmestre de Daniel Senesael

Chers amis,

Nous sommes réunis pour le jubilé de Daniel. Vous l’aurez peut-être remarqué, depuis 2019, j’ai choisi de ne plus apparaître en public, de me retirer de la lumière. Et je ne le regrette pas. Depuis, je ne me suis exprimé que de rares fois , lors d’événements publics, c’était au vœux de votre voisine Fatima Ahallouch ou encore lors d’un passage à Ath chez Bruno Lefebvre, pour leur apporter mon soutien. Je dois à la sincérité de dire que la politique, telle qu’elle est menée actuellement, ne correspond plus à ma vision et à mes valeurs. Aujourd’hui, par amitié multi-décennale, je viens te célébrer, Daniel.

Chers amis, il est difficile de parler de Daniel, car sa remarquable personnalité se dessine dans les nuances, parfois dans les contrastes. Je ne suis pas ici pour tenir la brosse à reluire. Il mérite mieux. Je suis là pour témoigner. Pour parler de notre hôte en ce moment de jubilaire, en étant le plus vrai et juste possible. Daniel est un feu d’artifice émotionnel à lui tout seul .

C’est un homme de scène, ayant joué dans plusieurs dizaines de pièces de théâtre. Il a un côté « toujours en représentation ». Je suis fasciné par cette façon d’être, sans doute parce que je suis à l’inverse très réservé. Parfois trop. Daniel, lui, aime le trait forcé: son amour des tenues colorées que le designer de mode Jeremy Scott aurait à peine le cran de dessiner , sa voix hautement tenue et perchée qui fait pâlir le chanteur Mika, ses apparitions « cabaret » qui pousseraient les artistes du Crazy horse à se rhabiller, ses audaces chansonnières et son talent d’animateur que pourrait même jalouser Patrick Sébastien, ses amitiés truculentes envers des personnalités improbables, n’est-ce pas Chouchou ?

Tout cela contraste avec ses attitudes sérieuses: les permanences à nulle heure du matin, ces matinales vendues comme sa marque de fabrique, à désespérer un coq qui annonce la voix à peine éclaircie, les premières lueurs du jour; sa méticuleuse et laborieuse préparation des dossiers pour donner l’impression trompeuse de spontanéité à son interlocuteur, un sentiment d’improvisation pourtant tellement bien préparé, ses alternances entre la recherche de lumière et ses moments d’ombre et de repli sur soi, ces moments avec et sans, comme nous tous — ce qui nous en rapproche, car finalement il nous ressemble; sa défense de la liberté d’orientation sexuelle et son amour de la tolérance dans un monde certes plus ouvert mais -oh combien! – encore hypocrite. Tout cela, et bien d’autres choses, le caractérise.

Pour ma part, vingt années de fonction ministérielle et dix années parlementaires, n’ont pas eu raison de ma retenue. Je reste vêtu de costumes sobres et suis toujours pantois devant la truculente audace de Daniel, paré de ses habits de lumière. Malgré nos différences, je suis pourtant de ceux qui éprouvent une forme singulière et surtout sincère d’attachement à Daniel. Pour ceux qui se demandent pourquoi cette affectueuse proximité, ils trouveront la réponse dans notre connivence depuis maintenant plus de 43 ans, lorsque avec Annick Meurisse, Alain Boucaut, et tant d’autres, nous relancions les jeunesses socialistes en Wallonie picarde, alors Hainaut occidental. Lorsque, dans les pas des Jacques Sabbe, des André Leonard, sur cette entité d’Estaimpuis, nous nous inspirions de ces remarquables personnalités. Lorsque nous nous mobilisions, avec notre ami commun Serge Hustache, pour façonner un socialisme enthousiasmant à l’échelle du triple arrondissement de Tournai, Ath, Mouscron. Lorsque, cher Daniel, me succédant à la présidence de la fédération du Parti Socialiste, tu traçais le même chemin inspiré de nobles valeurs de respect de l’autre, de travail, encore de travail et toujours de travail, pour améliorer la vie de tous. Lorsque tu affrontais, comme moi, les vicissitudes de la nature humaine dans le labyrinthe de l’intolérance pour trouver, l’issue, l’apaisement. Voilà les moments qui ont forgé notre lien dans nos manifestes différences: avec un maître-mot, la loyauté.

Aujourd’hui à l’inverse de toi, Daniel, j’ai fait le choix de de retirer, au bout de tant d’années, alors que toi tu poursuis. N’as-tu pas toujours été un peu téméraire ? Dans un monde qui me semble étranger, et je sais que tu partages ce sentiment, où l’apparence est reine et les réseaux sociaux brouillent les frontières entre le vrai et le faux, entre l’être et le paraître. À l’heure de l’hypertrophie de l’ego, lorsque les dents de l’ambition rayent le paquet de la conviction désintéressée. Alors que les mots acerbes ne laissent plus de place à la conciliation, dans une époque marquée par les populismes et les idées simplistes attrayantes, où les opinions de comptoir sont promues au rang de doctrine. À un moment où les discours toxiques des démagogues trouvent un terrain fertile, face à des défis qui éprouvent notre engagement envers la paix, la justice et la sécurité, il faut bien courage.

Daniel, sache que je t’admire pour ta constance envers nos valeurs communes. Je serai et resterai à tes côtés, ainsi qu’aux côtés de jeunes aux idées généreuses qui me rappellent ceux que nous étions, comme Laetitia Lienard, Bruno, Fatima ou Clara Hurbain pour n’en citer que quelques-uns. Je termine, en te remerciant pour ta fidélité à notre idéal commun. Pour ton dévouement sans faille, qui devrait servir d’exemple, à ceux et celles qui peuvent s’élever sans abaisser les autres. À ceux qui servent autrui avant de se servir.

Et bon vent, fidèle ami, camarade, sur l’écume déchaînée des temps présents. Je te respecte, Daniel, comme tous ceux qui peuvent se donner sans compter, et sans attendre autre chose que rendre plus plus belle la vie des personnes fragilisées.

Un tout dernier mot; un mot simple qui dit tout : merci!

Debrauwer Violaine

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